« Je suis la seule à aimer ici. Ce n’est pas une question d’âge. C’est le coeur qui explose. C’est ma
peau qui s’ouvre. C’est son visage dans ma tête. C’est sa voix qui chante. Personne ne sait l’amour ici. Tout le monde se trompe. Ce n’est pas juste embrasser, se regarder dans les yeux, se toucher. C’est une question de vie ou de mort. »
Nina Baraoui.

Qui suis-je ?


Je nais le 31 juillet 1967 à Rennes, d’un père algérien et d’une mère bretonne. A deux mois, mes parents déménagent à Alger, où je passerai les quatorze premières années de ma vie. Issue d’une double culture fortement marquée par la guerre civile, je suis une enfant réservée, un peu sauvage. C’est lors d’un été en Bretagne que j’apprends que je ne retournerai jamais en Algérie, mes parents craignant le début de violence dans le pays. Ici naît mon déracinement, véritable fêlure accentuée par l’absence d’au revoir, qui hantera mon oeuvre et ma vie. Je passe mon adolescence entre Paris, Zurich et Abou Dabi, puis je reviens à Paris après mon baccalauréat pour étudier la philosophie et le droit.

Quel est mon parcours ?


Attirée dès l’enfance par les arts, c’est l’écriture qui me permet de « trouver ma place dans le monde ». Sur un coup de tête, à 22 ans, j’envoie mon manuscrit par la poste, sans recommandation, et Gallimard décide de le publier en 1991. Ce premier roman, La Voyeuse interdite, connaîtra un succès international. Ma carrière étant désormais lancée, je décide de me donner corps et âme à la littérature : j’ai ainsi écrit plus de quinze livres, tous récompensés par des prix divers.

Quels sont mes combats ?


A 8 ans, lorsque je vois ma mère rentrer en sang après une agression de rue, je comprends que j’aime les femmes et que je les protègerai toute ma vie. A la fois métisse et lesbienne, je suis de tous les débats, pourfendant de ma plume mysoginie, homophobie et racisme. En 2015, je suis choquée par la marche pour tous, humiliée par un million de personnes protestant contre l’égalité de droits. Je vois même des enfants brandissant des pancartes assimilant l’homosexualité à la la zoophilie et à l’inceste… Ces images me hantent. Pour la première fois, je décide d’affronter mon homosexualité frontalement, par les mots, dans le roman Tous les hommes désirent naturellement savoir. Pour moi, le rejet n’est que le fruit de l’ignorance : la littérature n’est pas là pour donner des leçons, mais pour éclairer un destin par un autre destin.