Le 31 Mars, Politiqu’elles Reims a organisé une conférence sur les violences sexistes et sexuelles à l’université, en collaboration avec Licia Damous et Colette Guillopé, et nous souhaitions résumer dans cet article les points importants de la discussion.

Depuis 2000, de nombreuses ont été effectuées dans l’objectif de compter le nombre de victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) et de mettre en lumière les différents types de violences vécues par les étudiants. 

Une première leçon que nous pouvons retenir de ces études, notamment celle menées en Automne 2020 par l’Observatoire Étudiant Des Violences Sexistes Et Sexuelles, est qu’il est important de clairement définir ce que sont les violences sexistes et sexuelles:

Elles correspondent à toutes les situations dans lesquelles une personne impose à une autre des comportements ou commentaires à caractères sexuel (et de ce fait sans consentement)

Il est aussi important de comprendre que les violences sexistes et sexuelles sont des violences de genre, une violation des droits humains et le produit (ainsi que l’outil) d’un système patriarcal de domination. L’agresseur ne cherche pas à séduire ou à plaire, il nie l’existence de la victime. Les VSS sont donc une question politique qui a besoin de plus de visibilité dans le débat public. 

Les associations féministes ont été les premières à prendre les choses en main et à dénoncer ces violences et certains mouvements étudiants et témoignages ont fini par émerger tels que #PayeTaFac en Janvier 2017 et #SciencesPorcs en Février 2021.

Qu’a fait le gouvernement? 

Le MESR créa en 2012 le Plan d’action pour l’égalité entre les femmes et les hommes et la Charte pour l’égalité entre femmes et hommes dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche en 2013.

De plus, des outils ainsi que des kits de sensibilisation ont été mis en place de manière à informer sur le sujet des VSS

Que peut faire votre université? 

Une fois informé d’un cas de VSS, le président de l’université peut saisir le conseil disciplinaire qui enquêtera et décidera des sanctions (celles-ci pouvant aller du blâme à l’exclusion). 

La sanction disciplinaire peut être une solution cependant elle est très défavorable à la victime. Par exemple, le conseil peut décider de ne pas enquêter sur l’incident car la victime n’aurait pas engager de procédure judiciaire (alors que ces deux procédures sont totalement indépendantes et que nous savons combien un procès peut être coûteux et difficile pour la victime). De plus la victime n’a droit qu’à un seul témoin, ne peut accéder à son dossier ou faire appel (contrairement à l’accusé). 

Pour finir, même si le conseil disciplinaire juge l’accusé coupable et décide de l’exclure, le nom de l’agresseur ne sera jamais rendu public, ce qui veut dire que les universités peuvent se “refiler la patate chaude” et potentiellement mettre en danger d’autres étudiants.es

La procédure disciplinaire est donc très difficile et épuisante pour les victimes, alors que ces personnes devraient être soutenues et protégées. 

Qui pouvez-vous contacter à Sciences Po en cas de VSS?

  • cellule d’écoute:

Sciences Po : 01 45 49 54 00 (anonymisé)

infos.violences@sciencespo.fr

  • website:

https://www.sciencespo.fr/students/fr/vivre/prevention-harcelement-sexuel.html

Que faire quand vous êtes témoin d’un cas de VSS? 

Tout le monde espère ne jamais avoir à faire face à ce genre de situation, cependant il est important de savoir comment réagir à ce type de violences. 

L’université Lille 3 a été pionnière dans la matière et a créé en 2008 une cellule d’écoute, le CEVISH, ainsi qu’un guide expliquant ce qu’il faut faire et qui contacter en cas de VSS: 

  1. Je mets la victime en sécurité.
  2. J’isole l’agresseur.
  3. J’écoute la victime et je suis solidaire.
  4. Je dis à la victime des phrases positives. NE PAS dire des phrases qui pourraient culpabiliser la victime et l’empêcher de se sentir légitime et de parler : « à ta place, j’aurais… », « tu étais habillée comment ? », « tu avais bu ? », « vous étiez dans la chambre ? », etc.
  5. J’informe la victime des démarches qu’elle peut engager.
  6. J’aide à constituer l’enquête.

Les violences sexistes et sexuelles malheureusement aussi existent à l’université et c’est une honte. Personne ne devrait avoir peur d’aller étudier, personne ne devrait avoir à subir ces violences ou êtres blâmées pour l’avoir été. 

Si vous êtes en capacité d’aider une victime ou de dénoncer un comportement dangereux, il est important de le faire.  

Si vous souhaitez en savoir plus sur les violences existes et sexuelles à l’université n’hésitez pas à aller sur le site du collective CLASHES: http://clasches.fr