Qui suis-je ? Je suis née le 20 octobre 1964, à Oakland en Californie (Etats-Unis) d’un père économiste et d’une mère biologiste et oncologue spécialisée dans le cancer du sein. Mes parents sont tous les deux des immigrés ayant rejoint les Etats-Unis au début des 60s pour effectuer leur doctorat à Berkeley : ma mère est originaire d’Inde et mon père de Jamaïque. J’effectue mes études primaires et secondaires au Québec où ma mère a déménagé après son divorce, puis je retourne aux Etats-Unis pour mes études universitaires. Je suis diplômée d’Howard, une université créée pendant la ségrégation pour accueillir les étudiant.e.s afro-américain.e.s, pendant mes années là-bas je fais partie de l’association d’étudiantes Alpha Kappa Alpha. J’intègre le barreau de Californie en 1990. 

Quelle est mon œuvre ? On m’appelle parfois la reine des premières, il est vrai que tout du long de ma carrière j’ai été la « première à » : la première femme noire à devenir Procureure de San Fransisco en 2004, la première femme et première personne noire à occuper la fonction de Procureur générale de Californie en 2010, la première femme originaire d’Asie du Sud à être élue Sénatrice en 2017, et depuis quelques jours, la première femme à s’emparer de la fonction de vice-présidente des Etats-Unis. Il faut dire que ces institutions manquaient, et manquent toujours, cruellement de femmes et de personnes de couleur ! Tout au long de ma vie, je suis allée là où on ne m’attendait pas : j’ai accepté d’avoir des ambitions et j’ai travaillé d’arrache-pied pour les réaliser. 

Quels sont mes combats ? Au cours de mes années comme procureure, j’ai eu la réputation d’être redoutable et sans pitié, et la gauche des démocrates ainsi que la communauté afro-américaine m’a parfois reprochée d’être trop souple avec la police, notamment lorsque je n’ai pas soutenu le projet de loi obligeant le procureur général à nommer un procureur spécialisé dans la poursuite judiciaire des violences policières. Mais mon programme Back on Track a beaucoup été félicité car il a permis de réduire les taux de récidive de 70 à 10% en Californie. J’ai également modifié la loi sur la prostitution afin que les femmes ne soient pas considérées comme criminelles mais victimes. Au Sénat, on s’est intéressé à moi en raison des nombreuses questions que j’ai posées à Jeff Sessions (ministre de la Justice de D. Trump) et Brett Kavanaugh (candidat à la Cour Suprême) lors de leurs auditions, et qui les ont beaucoup déstabilisés. Enfin, j’ai rejoint Joe Biden en août 2020 alors que je m’étais opposé à lui dans les débuts de la primaire, notamment au sujet de certains de ses partis pris sur les lois post-ségrégation, mais c’est sûrement parce que la vice-présidence n’est qu’une étape pour moi…