Alors qu’au XIXème siècle tout le poids du viol était porté par la victime, contrainte à se taire ou à être rejetée, notre siècle voit la parole clairement se libérer comme ces derniers jours sur les réseaux sociaux avec le fameux #BalanceTonPorc. Ce progrès que des générations entières ont attendu pourrait cependant bouleverser la gente masculine, ne sachant plus où trouver sa place. Le terme « harcèlement » est d’ailleurs issu du Latin hirpex, à l’origine du mot herse, instrument d’agriculture munie de grosses pointes qui écorchent la terre. Cet instrument, si impressionnant par sa brutalité, serait-il le reflet du rapport entre harceleur et victime : un homme enfonce ses griffes à répétition dans le corps de sa proie, laissant celle-ci meurtrie physiquement comme moralement ? Comment être un Homme, en 2017, quand l’affaire Weinstein déclenche un tel déferlement de témoignages sur la violence masculine ? Actu’elles est parti enquêter sur le sujet.

 

KESAKO ?

La loi est claire : le harcèlement sexuel consiste à « imposer à une personne de façon répétée, des propos ou des comportements à connotation sexuel ». Il faut alors distinguer « agression » de « harcèlement » sexuel : alors que la première concerne une action à caractère sexuel, le deuxième consiste à insister sans tenir compte de la volonté de la victime. Cependant, de nombreux hommes se sont révoltés face à cette définition ne connaissant plus la limite entre harcèlement sexuel et « drague lourde ». Ils protesteraient même contre « ces féministes qui les empêchent d’affirmer leur virilité ». Mais il est insupportable de continuer à vivre dans cette culture du viol présente à chaque coin de rue. Il faut la combattre. Les mouvements de groupe pour dénoncer sur les réseaux demeurent toutefois aussi contestés qu’applaudis.

En effet, le plus grand avantage des réseaux sociaux est également son plus grand inconvénient : la rapidité. Alors qu’il fallait attendre le lendemain pour lire le journal il y encore quelques années, nous sommes débordés aujourd’hui par toutes ces informations qui nous submergent de nouvelles plus ou moins fiables. Prendre du recul est devenu presque impossible. Facebook et Twitter ou les réseaux sociaux où débutent les plus grandes polémiques. Les plaintes ou les applaudissements déferlent sans aucune correction, sans qu’on puisse l’arrêter : l’humanité se retrouve maintenant dépassée par ces élans d’expression qu’elle ne peut contrôler, impuissante face à la brutalité des nouvelles technologies qu’elle à elle-même crée. C’est le cas pour le #BalanceTonPorc.  

 

Le harcèlement sexuel en 2017

LIBERATION OU DENONCIATION ?

Alors que certains se disent outragés par ce phénomène de groupe qu’ils apparentent même parfois avec beaucoup de virulence aux dénonciations de la Seconde Guerre Mondiale, ce mouvement est avant tout une grande avancée pour la reconnaissance des agressions sexuelles et plus généralement pour la condition féminine. Les femmes sont enfin écoutées, les bourreaux devant la justice, mais ce phénomène de groupe, ne va-t-il pas un peu trop loin ? Peux-t-on vraiment comparer la moitié de l’Humanité ou presque à l’animal le plus sale ?

Les jeunes hommes peuvent se retrouver complètement perdu dans toute cette haine associée à leur sexualité. C’est justement ce qu’explique la philosophe Olivia Gazalé dans son livre Le Mythe de la virilité. On en vient alors à remettre en question l’origine des deux sexes que les religions nous ont inculquées depuis toujours dont l’image de l’Homme « viril » voire machiste. Il n’y a qu’à voir son étymologie, le terme viril vient du latin « vir » qui signifie « homme ». La réelle question serait alors : peut-on être viril et respectueux envers les femmes ?

Il n’existe qu’une solution : faire évoluer les mœurs et sensibiliser l’Humanité dans son intégralité. Il faut apprendre aux jeunes hommes comment se comporter avec le sexe opposé, leur apprendre qu’il y a une frontière, sans doute fine pour certains, entre séduction et abus. La violence n’a plus sa place dans notre civilisation du XXIème siècle. Nous avons des objets plus perfectionnés les uns que les autres mais il nous manque l’essentiel : faisons abstraction du sexe et revenons aux fondamentaux des rapports humains.

 

Louise Msallan