Colloque de Femmes au Centre pour le 70ème anniversaire du vote des femmes

Le lundi 27 avril 2015, à l’occasion du 70ème anniversaire du premier vote des femmes françaises, l’association Femmes au centre a organisé un colloque dans les locaux du campus européen de Sciences Po à Dijon.

 

Femmes au centre est une association créée en 2009 dont la finalité est de s’interroger sur la place de la femme dans la société. L’association a notamment été créée par des femmes élues. Elle est apolitique et ouverte à tous les courants ainsi qu’aux hommes comme aux femmes : au niveau national, elle comprend ainsi près d’un tiers d’hommes.

La Présidente actuelle de Femmes au centre est une ancienne députée européenne, Sophie Auconie, actuellement gouverneure au Conseil mondial de l’eau. Nous l’avions reçue en fin d’année 2014 avec l’UDI Sciences Po.

Sophie Auconie, ancienne eurodéputée UDI, Présidente de Femmes au Centre

 

Le colloque a été découpé en cinq temps, cinq interventions d’une demi-heure à propos de l’évolution de la place de la femme dans la société française de 1945 à nos jours, plus une conclusion de la présidente de l’association venue spécialement à Dijon pour l’occasion. Le président du conseil général de la Côte d’or, François Sauvadet, a également prononcé quelques mots en conclusion du colloque.

 

Virginie Voisin-Vairelles, docteure en droit et la référente de Femmes au centre en Côte d’or, s’est chargée de la première intervention, qui portait sur l’évolution de la femme en tant que citoyenne. Après un retour sur la notion de citoyenneté et ses origines grecques et romaines, Virginie Voisin-Vairelles expliqua comment les femmes se virent refuser la qualité de citoyenne en 1789. Mais, d’abord juridiquement incapables et placées sous la tutelle de leur père ou de leur mari par le Code civil de 1804, les Françaises réclamèrent progressivement des droits égaux à ceux des hommes, par le biais de grandes figures telle que Hubertine Auclert, suffragette française, jusqu’à obtenir le droit de vote par ordonnance du 21 avril 1944.

Aurore Mullot-Thiebaud, avocate, s’est, elle, intéressée aux trois formes d’union aujourd’hui reconnues, le mariage, le PACS, et le concubinage, en se demandant si ces unions aliénaient ou protégeaient les femmes. Bien que juridiquement aliénant, le mariage apparaît comme la plus protectrice des unions pour les femmes, du fait notamment d’une évolution de sa définition juridique : l’obligation de respect induite par le mariage sert aujourd’hui à lutter contre les violences conjugales, et en dépit de l’obligation de communauté de vie, il est désormais reconnu aux époux le droit de refuser un rapport sexuel.

Aurélia Fautre-Robin, docteure en droit, s’est interrogée sur la place de la femme au sein du couple parental. Si les femmes sont perçues comme des gagnantes au sein du couple parental, grâce notamment au droit à l’avortement ou à l’accouchement sous X qui leur sont très favorables, l’exercice des fonctions parentales leur est bien moins favorable : les mères doivent souvent assumer seules et avec difficulté la garde de leurs enfants, sont plus concernées par la pauvreté, et voient davantage leur carrière freinée par la vie familiale que les hommes.

Laurence Attuel-Mendès, professeure de droit, s’est penchée sur la place de la femme dans le travail, constatant que celle-ci y subit toujours des discriminations qui se traduisent notamment par des salaires moins élevés, bien que de plus en plus de mesures soient prises en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes : la loi Copé-Zimmerman a ainsi imposé en 2011 un quota de femmes de 40% dans les conseils d’administration des entreprises de plus de 250 salariés d’ici à 2020.

Guylaine Chapuis, diplômée notaire, s’est consacrée aux mesures de protections juridiques ou judiciaires sous lesquelles les femmes sont plus souvent placées que les hommes. Mais ces mesures tendent aujourd’hui davantage à protéger les femmes en cas de vulnérabilité qu’en 1804, lorsque le Code civil cherchait plutôt à les aliéner au père ou au mari.
Enfin, Sophie Auconie s’est proposée de faire un bilan de l’égalité entre les femmes etles hommes en politique. Le plus dur semble avoir été fait puisque juridiquement, l’égalité est garantie ainsi que les outils nécessaires à son application. Le milieu politique reste toutefois un milieu à la culture très masculine, d’où l’importance de continuer à lutter pour une réelle égalité des sexes. François Sauvadet a appuyé ce propos en soulignant l’importance de légiférer pour garantir les droits des femmes et l’importance des commémorations telles que ce colloque.

Car « commémorer, c’est interroger l’histoire sur ce qui se passe aujourd’hui ».

Morgane GASSE

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