Si la prêtresse américaine Sheryl Sandberg s’est imposée outre-Atlantique en un puissant role-model féminin de la tech, la France n’a rien à envier à son voisin américain : le pays compte des entrepreneuses de talent, au premier plan de la transformation numérique. Voici le portrait de quatre d’entre elles.
Catherine Barba est une entrepreneuse française spécialisée dans le retail numérique. Elle est aussi une business angel investissant dans des projets de jeunes pousses prometteuses telles que Leetchi, la solution de paiement en ligne créée par Céline Lazorthes. Diplômée de l’ESCP Europe, elle a débarqué dans le monde professionnel au moment des premiers balbutiements d’internet et a su flairer le potentiel de ce nouveau service. Vingt ans plus tard, elle se surnomme désormais la “Mamie du Web Entrepreneur Investor ” sur son compte twitter. En l’espace de quelques années, la femme d’affaires a mené tant de projets qu’il serait difficile de tout résumer : après avoir vendu Malinéa, son agence de conseil, à Jacques-Antoine Granjon, fondateur de Vente-privée.com, elle a fondé en 2012 CB Group (Catherine Barba Group), une structure qui accompagne les marques de luxe dans leur transformation digitale. Depuis, elle s’est installée depuis à New-York, déterminée à exploiter au mieux l’énergie folle de la ville pour lancer d’autres projets. Elle a créé là-bas un observatoire de la transformation digitale du commerce, le PEPS Lab (Plein d’Expériences Pour Se Réinventer), qui a ouvert en septembre 2015.
En 2014 elle a reçu le Prix femme d’influence économique de l’année.
Delphine Remy-Boutang est d’abord passée par IBM avant de devenir une entrepreneure à succès: elle est arrivée dans le groupe d’abord comme simple assistante, et a franchi toutes les étapes jusqu’à devenir la directrice social media du groupe.
En 2012, elle décide de voler de ses propres ailes et crée The Bureau, une start-up de conseil en stratégie digitale.
Elle est aussi à l’initiative en 2013 de la Journée de la femme digitale, événement annuel qui réunit des acteurs clés du monde numérique pour un cycle de conférences; fort de son succès, cet événement a rassemblé près de 10 000 personnes en 2017.
Elle décide de poursuivre son engagement en faveur d’une meilleure représentation de la femme au travail en lançant en 2016 JFD Connect Club, un réseau ultra-exclusif de près de 200 femmes entrepreneures, installé au Trocadéro. L’objectif est de stimuler le networking des femmes, à travers différents formats : visites privées, événements exclusifs, avant-premières culturelles. Quand on sait que seulement 10% des start-up sont cofondées par des femmes, son initiative ne sera certainement pas de trop pour encourager le leadership au féminin. Delphine Remy-Boutang aime rappeler la place essentielle qu’ont tenu les femmes dans certains événements qui ont marqué l’histoire, comme celle de Margaret Hamilton, informaticienne de génie qui a conçu le système embarqué du programme Apollo en 1961. En travaillant à transformer les mentalités dans le monde des affaires, Delphine Remy-Boutang apporte à son tour une pierre à l’édifice de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Fany Pechiodat a commencé d’abord par travailler chez l’Oréal, dans le marketing après des études à l’ESCP. Après un passage chez Jean-Paul Gaultier, c’est finalement sa curiosité intarissable de Paris qui la pousse à quitter son emploi et devenir entrepreneuse.
C’est elle en effet, qui est derrière My Little Paris, newsletter qui a rencontré un succès fulgurant dès son lancement en 2008 et qui réunit aujourd’hui plus d’un million d’abonnés. My Little Paris délivre tous les jours des bons plans mode, beauté, food et culture à Paris. L’idée de Fany Pechiodat a tellement bien fonctionné, qu’elle a pu la décliner en plusieurs formules : My Little box, My Little App ou encore My Little Kids, s’adressant à différents publics. Son concept a été racheté à 60% par Aufeminin.com en 2013. Aujourd’hui, elle a choisi d’installer ses employés dans une charmante maison du 18ème arrondissement, dans une ambiance à contre-courant des open spaces. Mais l’entrepreneure va encore plus loin, en prenant le temps d’encourager l’entrepreneuriat au féminin ainsi que dans les quartiers populaires : elle a lancé en octobre dernier Mona, un lieu éphémère qui aide les femmes dans leur projets professionnel. A côté, elle a aussi participé au projet Ten faces, qui ambitionne de booster l’innovation et la création de start-ups dans les quartiers populaires.
Roxanne Varza incarne à merveille le dynamisme de la French Tech. Et pourtant, cette jeune et brillante Américaine née à Palo Alto en Californie (berceau de la Silicon Valley) n’était pas vraiment prédestinée à gagner une telle influence dans le monde de la tech : diplômée d’une licence en littérature française, sa première expérience professionnelle à l’Agence française pour les investissements internationaux (ancien Business France) la convainc de reprendre ses études, entre Sciences Po Paris et la London School of Economics, où elle se forme en politique économique internationale notamment. C’est pour elle la porte d’entrée vers le monde de l’innovation. Elle se met à travailler pour un pur player qui obtient une certaine reconnaissance auprès des start-uppers, TechCrunch. Xavier Niel la remarque, et de leur rencontre aboutira un projet très ambitieux : la création du “plus grand incubateur numérique au monde”, dans les locaux de la Halle Freyssinet dans le 13ème arrondissement de Paris. Pendant deux ans, elle dirige les travaux de Station F, inauguré en juin 2017. Elle est désormais à la tête de l’espace qui regroupe plus de 3000 stations de travail. A titre plus personnel, Roxanne Varza a aussi participé à la création de l’association « Girls in Tech » en France et au Royaume-Uni, une plateforme qui aide les femmes à booster leur carrière dans l’entrepreneuriat. Par ailleurs, elle a créé le « Ladies Pitch Night », concours annuel qui récompense les start-ups digitales les plus innovantes.