Compte-rendu – Intervention de Anne Lise Rodier

ANNE LISE RODIER

Le jeudi 9 Février le Campus de Dijon a eu l’honneur d’accueillir Mme Anne Lise Rhodier qui est intervenue sur le sujet suivant : Favoriser la place des femmes dans la vie économique.

C’est un sujet complexe, où il faut prendre le temps de comprendre les facteurs qui contribuent à la place des femmes dans la vie économique tels que : les organes de la société, le travail, la cellule familiale… Mais tout d’abord, Mme Rodier nous livre quelques chiffres, tous tirés des études de Women Matter Mc Kinsey. En 2016, au sein des instances dirigeantes des grandes entreprises, seules 32% des femmes sont présentes dans les conseils d’administration (mais contre 12% en 2013), et dans les postes de direction elles ne sont que 17%. Pourquoi donc un tel écart ? Et que signifie cette évolution ? Mme Rodier nous démontre alors que ceci s’explique par la loi Copé-Zimmerman, qui vise à garantir la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance, avec un objectif de 40% de chaque genre pour 2017. Même si des nouvelles nominations ont été faites, un point noir subsiste : sans organe de surveillance, sans sensibilisation ni d’amendes financières, comment garantir que cette évolution va perdurer et évoluer positivement (étant donné que l’objectif n’est pas atteint) ?

Concernant la part des femmes dans la création d’entreprises et l’entreprenariat, elles ne sont que 28% à se lancer, tout en étant fortement spécialisées dans certains domaines (services aux ménages et l’action sociale), contre seulement 8% dans le secteur de l’innovation (le plus porteur et le plus rémunérateur).

Cette faible mixité se retrouve également dans les filières et les métiers, où par exemple en 2014 les filles représentent 84% des étudiants en écoles paramédicales et sociales, et 27% des étudiants ingénieurs. Il s’ensuit alors une ségrégation professionnelle avec 97% de secrétaires et d’aides à domiciles, 2,1% d’ouvrières qualifiées.

Mme Rodier insiste alors sur l’écart salarial, qui est de 25% dans le secteur privée et de 20% dans le secteur public, tous deux ramenés à temps plein. 10% de ce chiffre peut être expliqué par l’orientation, les ruptures de carrière (maternité, congés parentaux), temps partiels ; mais le reste est inexpliqué et totalement injuste. D’autant plus, dû à une forte confiance dans le système par leur éducation, en moyenne les femmes négocient moins leurs salaires que les hommes, ce qui joue sur l’ensemble de leur carrière.

La part des femmes est également minimale dans les médias et les conférences, ce que met en avant le magazine Femmes d’ici ou d’ailleurs. De plus, le peu de fois où les femmes sont présentes, elles sont sur-représentées dans les rôles féminins de : victime, femme politique, mère, épouse, fashionista.

Pourquoi est-il nécessaire de changer les choses nous questionne Mr Rodier ? Plusieurs explications semblent nécessaires. Tout d’abord, l’égalité est une question de justice, de principe constitutionnel à respecter. De plus, il existe une corrélation entre la mixité au sein des instances dirigeantes et la performance des entreprises selon les études de Mc Kinsey. Enfin, il existe un cercle vertueux autour des rôles modèles. Les femmes portent un double fardeau : le poids mental de l’organisation de la famille, et le performance model au travail. Il faut alors s’attaquer aux causes qui sont : la discrimination, les représentations, les choix d’orientation… Des politiques en faveur de l’égalité se mettent peu à peu en place, avec des règlements/sanctions, les organisations de travail dans les entreprises évoluent pour concilier vie personnelle et vie professionnelle. Au niveau de la sensibilisation ou des travaux sur la représentation, d’autres mesures plus discrètes existent telles que la féminisation des noms des postes.

Pour illustrer son point que beaucoup d’efforts sont faits pour améliorer la situation, Madame Rodier finit par nous donner l’exemple de deux projets particulièrement importants dans lesquels elle est investie. Le réseau féminin REF présent sur 18 antennes en Rhône Alpes et Bourgogne Franche Comté promeut la représentation des femmes dans la vie économique et le travail en partenariat avec le réseau 100 000 entrepreneurs. Le but est de développer l’esprit d’entreprendre chez les jeunes en allant dans les classes, en racontant son expérience. Plus de 12 000 élèves ont déjà assisté à ces interventions. Une semaine de sensibilisation des jeunes à l’entreprenariat féminin est organisée chaque année en partenariat avec le Ministère du Droit des Femmes.

Solène Vanderspeeten

Photos: Viktor Novel

Répondre

Les champs requis sont marqués d’un * . Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.