« Lutter, c’est se battre avec résolution et foi dans une victoire certaine, comme la promesse d’un bonheur prochain et sûr, que l’on vivra ou que d’autres vivront. Donc lutter avec la ferme conviction qu’il y aura un aboutissement positif – en notre présence ou en notre absence. LUTTER. »

Qui suis-je ?

Née au Sénégal en avril 1950, je suis une écrivaine, anthropologue et une personnalité politique féministe sénégalaise. Etudiante à Paris, je deviens dès 1976 l’un des membres fondateurs de la Coordination des femmes noires que je préside par la suite, célèbre pour être l’un des plus importants collectifs de féministes noires en France.  En 1978, je publie « La Parole aux négresses », où je dénonce les mutilations génitales dont sont victimes les femmes, ainsi que les pratiques telles que la dot et la polygamie. Ensuite, je soutiens une thèse de doctorat en 1995 intitulée « Sociétés africaines en mutation du côté des femmes : l’exemple du Sénégal », à l’université Paris-VIII. Femme politique engagée, je fus ministre de la Santé et de l’Action Sociale de l’Etat sous le régime libéral d’Abdoulaye Wade. Intellectuelle, j’enseigne l’anthropologie en tant que professeur et chercheure à l’Institut fondamentale d’Afrique noire de Dakar. 

Quel est mon parcours ?

La publication de « La Parole aux négresses » en 1978 me projette sur la scène internationale, où je donne la voix aux femmes africaines afin de dénoncer les violences misogynes dont elles sont victimes. Dans ce livre, je fais une historiographie des oppressions patriarcales qui accablent les femmes africaines, à travers une analyse sociologique et culturelle. C’est par le prisme de l’intersectionnalité que je mets en lumière les trois systèmes d’oppressions exercés sur la femme africaine : le classisme, le sexisme et le racisme. Par conséquent, je prône la lutte face à cet asservissement, une lutte collective et puissante afin de ne plus être assujetties à ces injustices. J’ose remettre en question des concepts culturels et religieux tout en offrant des axes de réflexion pour mener à bien la lutte des femmes négro-africaines. Cette œuvre, fondateur du féminisme africain est un message d’espoir pour la situation, encore d’actualité, des droits des femmes en Afrique, loin de toute littérature colonialiste. Puisque pour la première fois, c’est une femme africaine qui donne la parole aux africaines sur des sujets les concernant en premier lieu, un concept innovateur et salutaire contre notre invisibilisation.

Quel est mon combat ?

 J’appelle par mes œuvres et actions à l’émancipation de la femme africaine par la lutte et la sororité. Je dédie ma vie professionnelle aux engagements qui m’animent, comme le démontre ma contribution à la création de la Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles fondée en 1982. J’ai même dirigé en 2004 le Centre sociale des femmes de Dakar, où j’organisais des cours d’hygiène, d’alphabétisation et des techniques de formation. Que ce soit via mes livres comme « Continents noirs » en 1987 ou « La sexualité féminine africaine en mutation, l’exemple du Sénégal » en 2015, ou par l’intermédiaire de la politique où j’aspire à une meilleure représentation des femmes et de la jeunesse, je lutte sans cesse pour les droits humains et l’éradication du patriarcat.