« Your silence will not protect you. » – Audre Lorde

Qui suis-je ?

Je suis née à Harlem en 1934 de parents ayant immigré depuis le Mexique. Je fais mes études secondaires dans un établissement pour blancs parce que j’ai de bons résultats, puis j’entame des études littéraires au Hunter Collège. Pour supporter les coûts de mon indépendance, je travaille comme infirmière et ouvrière. Dans les années qui suivent, j’arrête l’université et change de ville, puis je voyage un an au Mexique, et finalement je rentre à New York et je finis mes études à Columbia. Par ces expériences, j’affirme progressivement mes différentes identités en intégrant des communautés, je finirai par me désigner comme « poète, noire, féministe, lesbienne, mère, guerrière, professeure et survivante du cancer ». Je meurs en 1992 après avoir enduré pendant 14 ans un cancer du sein.

Quelle est mon œuvre ?

Je découvre la poésie au lycée en rejoignant un groupe des jeunes filles passionnées de poésie surnommées les « Branded ». Au cours de mes études et au début de ma carrière, j’écris des poèmes et nouvelles dont certains sont publiées dans des journaux, mais c’est en 1968, alors que je suis bibliothécaire, que mon premier recueil de poésie, nommé The First Cities, est publié. Je publie ensuite de nombreux recueils (Cables to Rage, Need : A Chorale for Black Woman Voices) qui ont tous en commun de mettre des mots sur mon expérience : je suis convaincue que la poésie n’est pas un luxe mais une manière de faire exister ce qui est tu. Ecrire est un outil de revendication et de libération, car écrire permet de s’extraire d’un silence qui sert à l’oppresseur : s’ils ne parlent pas, les dominés n’existent pas.

Quels sont mes combats ?

J’ai de multiples identités et je les revendique, je pense qu’il faut reconnaitre les différences et en faire des moteurs de changement. Dès lors, je suis une actrice majeure du féminisme de la deuxième vague, mais aussi du mouvement des droits civiques, et de libération des homosexuel.le.s. Néanmoins, je suis fermement opposée à la hiérarchisation des luttes contre les différentes formes de domination : je milite pour un féminisme qui se bat contre le sexisme, le racisme, l’homophobie, et la société de classes. Ainsi, je suis l’une des premières à théoriser ce qu’on appellera plus tard l’intersectionnalité : dans mon recueil d’essais Sister Outsider, j’explique que le féminisme blanc et bourgeois ne prend pas en compte l’expérience des femmes noires qui subissent une discrimination spécifique.