«Je suis née dans un pays communiste et je me considère souvent comme une enfant d’une Europe blessée avec le communisme, avec l’exil, avec toutes sortes de choses qu’on subit… dont on porte des stigmates et, en même temps, dont on porte aussi des éléments forts qui nous soutiennent toute la vie. Et, le 8 mars est cette chose positive que j’ai acquise dans mon pays au moment où personne ne parlait du 8 mars. Je me suis rendue compte ultérieurement que l’Europe ne devait accepter cette célébration qu’en 1977, la France en 1982, et, moi, depuis mon enfance, le 8 mars faisait partie des grands moments de ma vie… Cette espèce de reconnaissance de nos qualités était absolument à l’ordre du jour.» définit ses origines Julia Kristeva à l’occasion d’une interview pour l’Humanité en 2014.

JULIA KRISTEVA

Julia Kristeva est une chercheuse franco-bulgare née à Sliven, en Bulgarie en 1941. Elle est psychanalyste, linguiste, philosophe et féministe. Elle arrive en France en 1966 et débute sa carrière universitaire en tant que professeur à l’Université Paris VII – Diderot. Elle enseigne parfois à l’Université de Columbia à New York où elle est professeur de sémiologie comme Umberto Eco et Tzvetan Todorov et à l’Université de Toronto. Elle est aussi la fondatrice du centre Roland Barthes qui regroupe des chercheurs dans le domaine de la théorie de la littérature et des sciences humaines. Depuis 1987, elle est membre de la Société psychanalytique de Paris. Julia Kristeva est aussi très engagée dans la sensibilisation et la responsabilisation de la population aux divers types de handicap et la manière dont il faut soigner ces handicaps. Elle fait partie du Conseil national du handicap.

Julia Kristeva est aussi écrivain et a publié plus d’une trentaine d’ouvrages sur des sujets divers qui incluent aussi le rôle des femmes intellectuelles. Ses ouvrages ont une forte influence sur le développement du féminisme au niveau international à l’époque contemporaine. Son rôle est d’abord dans le domaine théorique car elle divise les trois types principaux de féminisme selon leur origine historique et idéologie dans son article de 1993 appelé Le temps des femmes. Pour cela, Kristeva est considérée être une des théoriciennes principales de l’écriture féminine dans le cadre du féminisme littéraire. Elle consacre sa trilogie Le génie féminin, publiée entre 1999 et 2002, à Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette pour se différencier des théories féministes et souligner que la contribution de chaque approche, de chaque personnage est unique et doit être valorisée.

De plus, soucieuse de la question de l’émancipation des femmes qu’elle trouve directement liée à la reconnaissance d’une liberté fondamentale des femmes, elle a créé le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes en 2008. Dans son interview pour l’Humanité en 2014, elle démontre son soutien pour la cause féministe en disant: «On sait que quand il y a une fragilisation du tissu social, quand il y a des situations de crise… de guerre qui sont un peu partout, c’est les femmes qui portent le gros de la tension. Elles sont victimes, elles sont exposées, même dans les démocraties avancées. La question du féminin à défendre reste toujours prioritaire.» Elle défend, donc, l’égalité entre les hommes et les femmes dans la vie familiale et sur le champ de la politique. Dans ce sens, elle soutient la reconnaissance du droit à l’IVG au niveau mondial qui fait partie du droit des femmes de disposer de leurs corps. Elle considère aussi que le mouvement du Mariage pour tous est une partie intégrale de l’établissement de l’égalité entre les genres.

Julia Kristeva est Docteur honoris causa de plusieurs universités parmi lesquelles est l’université de Harvard. Elle a aussi reçu plusieurs prix et distinctions comme les prix Holberg, Hannah Arendt et Vaclav Havel et elle est Commandeur de l’Ordre du Mérite et Commandeur de la Légion d’Honneur.

Ivelina Petrova