Co-fondatrice du projet EU Panel Watch implanté à Bruxelles, elle a cependant fait ses études sur secteur de l’énergie dans l’UE et nous rappelle que son activité principale reste celle de journaliste spécialiste de l’énergie pour MLex (média indépendant, destiné aux professionnels, spécialiste des risques liés à la réglementation).
Frustrée devant le manque de diversité dans les débats bruxellois, elle monte cette campagne pour montrer au public cette inégalité de genre entre les intervenants dans cette capitale de l’Union Européenne. Elle insiste non seulement sur le manque de diversité des genres, mais aussi de l’âge, de la couleur de peau… Les femmes ont les mêmes droits que les hommes, de vote, de choisir, de travailler librement, alors pourquoi sont-elles moins présentes sur la scène bruxelloise ? Sans compter les moderateurs, les femmes sont largement sous-représentées aux divers forums à Bruxelles.
Les standards d’aujourd’hui acceptés par tous ont besoin d’évoluer, il faut améliorer la représentation des femmes qui sont sous-représentées. Elle tente de nous faire comprendre cela à travers une image : « A quoi pensez-vous quand on vous parle de pouvoir, de force ? Tout de suite une image de super-héros vient à l’esprit, mais c’est toujours l’image d’un male à laquelle on pense. Une image vaut 1000 mots. »
Qui doit s’occuper des enfants, fonder une famille, faire le ménage ? Toujours les femmes ! Comment s’élever dans sa carrière quand on veut avoir des enfants ?
Améliorer ces standards peut passer par les nouvelles technologies, comme elle essaye de le faire ce projet à travers Twitter. Elle nous explique que cette idée vient d’un dîner, entre femmes. Le vin aidant, elles ont alors échafaudé ce projet qui semblait un peu fou avec la norvégienne Marika Andersen. Fin Janvier 2015, elles montent le groupe EU Panel Watch (surveillance des panels) qui a pour objectif de veiller au respect de la diversité dans les évènements bruxellois. Pour cela, elles créent un compte Twitter où elles exposent leurs idées. Au bout d’une semaine elles ont 100 followers et, aujourd’hui, il sont 1 444. Le principe d’EU Panel Watch est simple : aller dans des conférences, prendre des photos des intervenants puis les tweeter. Bien sûr faire du bruit est important mais il faut aussi des preuves et les photos ne semblent parfois pas suffisantes. Elle accompagne alors ses photos d’une petite légende. Par exemple le 14 Décembre 2016 pour accompagner une photo de 6 hommes elle publie : « #epc_eu asks if EU is on right track energy efficiency. Perhaps…but on achieving diverse debate the answer is sadly no…»
Pourtant, elle ne se permettrait jamais d’interpeller les intervenants en public sur ce manque de diversité des genres : « Je n’ai jamais pris le micro pendant un événement et fait part de ce que j’avais sur le cœur. Mon but n’est pas d’embarrasser les participants, cela ne serait pas positif. » Son but est bien de débattre, d’en parler, le meilleur moyen pour faire évoluer les opinions selon elle. Elle nous confie alors qu’une communauté d’internautes s’est constitué afin d’alerter l’équipe d’EU PanelWatch, au grand désarroi de certains bruxellois qui n’hésitent pas à lui dire : « Your twitter account makes my job a nightmare. »
Le mois de Juin est LE mois des conférences sur Bruxelles, et c’est pourquoi avec 20 volontaires elles ont couvert une grande majorité des conférences et ont noté que : sur l’ensemble des interventions dans chacun des secteurs, la part des femmes intervenantes est bien moindre dans celui de l’énergie (11%) contre 14% dans celui de l’emploi et du social.
Mais pleine d’espoir, elle note quand même une évolution. En 2015, sur une rétrospectives de tous les intervenants, il n’y a eu que 321 femmes pour 943 hommes. Alors qu’en 2016 il y a eu 1001 hommes pour 506 femmes.
Ainsi, Laurel Henning passe une grande partie de son temps à militer contre l’homogénéité de Bruxelles, de la « bulle patriarcale » et acquiert peu à peu une certaine notoriété dans les milieux bruxellois. Cela notamment grâce à Ryan Heath, journaliste bruxellois qui a classé Laurel Henning et Marika Andersen à la troisième place des « Femmes qui font Bruxelles » – juste derrière la commissaire Margrethe Vestager et juste avant la nouvelle présidente de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement et de l’Association internationale pour le développement, Kristalina Georgieva.
Solène Vanderspeeten
Photos: Viktor Novel