Qui suis-je ?
Première femme à avoir accédé à la fonction de juge en Iran, je suis une juge et avocate iranienne née en 1947 dans une famille bourgeoise apolitique. Diplômée de la faculté de droit de l’université de Téhéran, je suis nommée en 1975 Présidente du Tribunal 24 de Téhéran. Ayant d’abord, dans l’idée, supporté la Révolution islamique en 1974, je suis contrainte de démissionner de mes fonctions en 1979 lors de l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini. Je déchante très vite, moi qui avait appuyé de bon cœur « la révolution des esprits », je ne m’attendais pas à de telles conséquences. À la suite de cet épisode, les droits et libertés individuelles des femmes sont limités et une femme n’est plus en mesure d’exercer la fonction de juge car « une femme, trop émotive, ne peut rendre la justice de façon impartiale ». Je m’évertue cependant à garder mes fonctions notamment dans les affaires relatives aux Droits d’Homme et des enfants et profite de la guerre d’Irak et du besoin de femmes en justice pour devenir avocate. Je défends ceux que la République Islamique opprime et prouve chaque jour qu’une interprétation de l’Islam en accord avec les notions d’égalité et de démocratie est possible dans mon pays.
J’ai été emprisonnée en 2000 pour « trouble à l’ordre public » en raison de mon combat en faveur des Droits de l’Homme et contre le régime politique.
En 2004, j’ai été la marraine de la promotion de l’École Nationale de la Magistrature française et ai reçu la Légion d’honneur en 2006.
L’histoire politique moderne de l’Iran est ancrée dans mon histoire personnelle, avec la chute de Mossadegh en 1953, la prise de pouvoir du Shah et la dictature qui s’en est suivi, puis le régime islamique, je n’ai jamais cessé de me battre pour les femmes de mon pays et ne cesserai jamais.
Quels sont mes combats ?
J’ai obtenu le prix Nobel de la paix en 2003 pour ma lutte en faveur des Droits Humains, et en particulier des Droits de la Femme et de la Démocratie. Je suis la première iranienne à obtenir une telle distinction. J’ai notamment suivi et défendu plusieurs affaires relatives à des dissidents politiques au régime islamique qui ont été assassinés ou se sont évaporés. Je me bats sans relâche pour les femmes iraniennes et permettre qu’elles occupent une plus grande place dans la vie politique du pays. J’ai ainsi fondé l’organisation iranienne de protection des droits de l’enfants et l’association des défenseurs des droits de l’Homme en Iran, ONGs qui ont toutes été fermées de force par le régime avec l’emprisonnement de mes collègues.
En 2009, le gouvernement iranien a confisqué mon prix Nobel et bloqué mon compte bancaire et ainsi la somme perçue avec ce prix. Je vis depuis en exil à Londres.
Je suis fière de constater que le combat féministe continue en Iran et ne s’est jamais arrêté malgré la répression sévère des autorités. Je suis convaincue que la libération démocratique de mon pays se fera grâce aux femmes fortes et éduquées puisque dans mon pays, 63% des étudiants des universités sont des femmes. Nous continuons à nous battre et nous vaincrons, parce que tout ce que nous demandons, c’est l’égalité et la justice.