Autrice, réalisatrice
Virginie Despentes
« Je me sens militante féministe quand j’écris des livres. »
Qui suis-je ?
Je suis née en 1969 à Nancy dans une famille engagée à gauche, je suis élevée au rythme des manifestations et des réunions syndicales. J’ai une adolescence puis une vie de jeune adulte très mouvementée : j’évolue dans le milieu punk et multiplie les travails pour conserver mon indépendance, je choisis notamment de me prostituer. C’est dans ces années que j’écris mon premier roman Baise-moi qui me propulsera sur la scène littéraire. Je suis aujourd’hui une autrice majeure de la littérature contemporaine française. J’ai été membre de l’Académie Goncourt de 2015 à 2020.
Quelle est mon oeuvre ?
J’écris mon premier roman Baise-moi en 1992 mais il est publié seulement à quelques exemplaires en 1994 par l’éditeur Florent Massot, par la suite il est progressivement médiatisé et déclenche une virulente controverse. J’adapte au cinéma en 2000 avec Coralie Trinh Thi ce récit de la vie et de la cavale d’une prostituée et d’une actrice de film pornographique mais le film est interdit aux moins de 18 ans et il est très peu diffusé. Après Baise-moi j’écris d’autres romans : Les Chiennes savantes qui dresse un portrait de la condition féminine contemporaine, Les jolies choses qui reçoit le prix de Flore et de Saint-Valentin, Mordre au travers qui est un recueil de nouvelles tranchantes. En 2006 je publie un essai nommé King Kong Théorie qui mêle mon expérience (mon viol notamment) et ma réflexion sur la féminité, la sexualité féminine, c’est mon «manifeste pour un nouveau féminisme». En 2009 je réalise le documentaire Mutantes dans lequel j’interroge des militant.e.s, intellectuel.le.s et écrivain.e.s sur la pornographie, la prostitution, je représente ainsi un féminisme pour la liberté sexuelle. Depuis je continue d’écrire (Bye Bye Blondie, Vernon Subutex) et de réaliser des longs-métrages et documentaires.
Quels sont mes combats ?
Je défends mes revendications féministes et politiques à travers mes romans, essais et documentaires. Pour moi notre société patriarcale organise la domination de l’homme sur la femme jusque dans l’appropriation de son corps, je revendique donc une lutte féministe pour l’égalité et cela correspond à la liberté totale de disposer de son corps, de se construire sa propre identité hors des normes de genre. Dans King Kong Théorie je cherche à déconstruire la catégorisation binaire entre hommes et femmes qui enferme les deux genres dans des cases regroupant qualités et défauts propres. En rejetant cette catégorisation oppressante je m’inscris dans le mouvement Queer. J’écris sur les individus écrasés par la société comme les femmes mais aussi les classes populaires, par exemple dans Vernon Subutex je fais le récit de la vie de Vernon, disquaire rockeur, déclassé suite à la dématérialisation de la musique et progressivement marginalisé.