Le jeudi 11 février, Politiqu’elles recevait Fatima Lahnait, chercheuse sur la géopolitique du monde musulman et les questions d’intégration. Elle est l’auteure du rapport « Femmes kamikazes, le djihad au féminin ».
Fatima Lahnait

 

Des femmes, dont un nombre étonnant d’occidentales, décident de rejoindre les rangs de l’Etat islamique en Syrie. Selon le Huffington Post, elles représenteraient 10% des personnes qui quittent l’Europe, l’Amérique et l’Australie pour rejoindre Daesh. Dans quelle mesure peut-on parler d’un « Djihad au féminin ? » Quels sont leurs vecteurs de motivation ? Quelles rôles ont-elles une fois sur le terrain ? Pendant deux heures, Fatima Lahnait a fait part de son expérience et de ses recherches au travers d’une discussion avec les étudiants et les étudiantes de Sciences Po.

Fatima Lahnait

Fatima Lahnait devant les étudiants de Sciences Po pour une discussion sur le Jihad au Féminin

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le djihad au féminin il n’y en a pas vraiment ». Il y a deux types de djihad, un défensif et un autre tourné vers la religion, un retour sur soi. Pour l’Etat islamique, le statut de «  martyre » (celui qui est mort pour la foi) est réservé aux hommes. En revanche, le djihad de la femme est du deuxième ordre c’est à dire l’approfondissement de sa foi. Les femmes ne prendront les armes qu’en recours ultime, si les combattants venaient à manquer. Dans le cas contraire, cela correspond à une humiliation pour l’homme.

 

Quels sont les vecteurs de motivation de ces femmes qui décident de rejoindre Daesh? Certaines ont des vulnérabilités d’ordre affectif, un vide ou un manque à combler. Elles rejettent leur entourage, éprouvent de la colère envers leur famille. Elles deviennent alors facilement manipulables par l’organisation. On leur vente le mérite d’être la femme d’un soldat qui deviendra peut être un martyr

La place faite au femme au sein de l’Etat islamique est terriblement dévalorisante. Leur principal rôle est de faire des enfants et d’assouvir les pulsions sexuelles des combattants. Beaucoup d’entres elles ont également pour mission le recrutement de combattants sur les réseaux sociaux.

Enfin, même si Daesh n’utilise pas encore les femmes kamikazes, le groupe armé de Boko Haram n’hésite pas le faire, souvent pour des raisons stratégiques. Celles ci sont moins suspectées de porter une bombe. L’implication des femmes dans la violence n’est pas un phénomène nouveau. Entre 1985 et 2005, Fatima Lanhait a recensé plus de 220 femmes kamikazes.

Mathilde LEBON